Accueil Economie La ligne d’or : « Deep Work » ou l’art perdu de se concentrer

La ligne d’or : « Deep Work » ou l’art perdu de se concentrer

 La Presse — C’est devenu une banalité de le dire: nous sommes submergés. Notifications, réunions, emails, sollicitations diverses… Dans ce vacarme numérique et social, disons-le, la concentration devient une compétence, et se concentrer pendant 15 mn relèverait aujourd’hui de l’exploit surtout chez les jeunes générations. 

C’est précisément cette capacité, rare et exigeante, que Cal Newport, théorise dans le « Deep Work » ou « travail profond », et qu’il identifie comme la compétence clé de notre époque. Mais qu’est-ce que le travail profond, exactement ? 

En fait, ce sont ces moments de concentration intense, sans distractions, où l’on pousse ses capacités cognitives à leur limite, pour apprendre, produire, créer, bref, pour travailler. Des efforts, qui, s’ils sont difficiles à reproduire aujourd’hui, sont à la source de toute valeur à la fois pour l’individu et l’entreprise.

Newport avance une hypothèse selon laquelle : alors que la capacité à se concentrer profondément devient de plus en plus rare, sa valeur, elle, ne cesse de croître. En d’autres termes, ceux qui sauront résister au flux incessant de distractions et feront de la concentration un choix quotidien tireront leur épingle du jeu.

Pourquoi est-ce si dur ? Parce que, dans beaucoup d’organisations, l’occupation est devenue un substitut de la productivité. 

Répondre immédiatement aux messages, participer à des réunions à n’en plus finir, se montrer actif et visible: tout cela donne une illusion d’efficacité, mais en réalité, cette frénésie d’interruptions détruit de manière insidieuse notre capacité à effectuer un travail de fond, stratégique et réellement créateur de valeur.

L’auteur appelle cela « business as a proxy for productivity » (« L’activité comme substitut à la productivité »), qu’il décrit comme un piège redoutable. Pendant que vous jonglez avec vos notifications et vos réunions chronophages, d’autres, plus silencieux, creusent leur sillon. Leur « seul » mérite : ils lisent, réfléchissent, codent, écrivent, construisent. Ils produisent de la valeur durable pendant que les autres gesticulent.

C’est là qu’intervient le « travail profond », ennemi du multitâche permanent et les micro-interruptions qui minent nos capacités intellectuelles et notre innovation. Mais alors, comment s’y mettre ? 

Le plus simple selon le livre de Newport intitulé « Deep Work : Rules for Focused Success in a Distracted World » (en français : Travailler en profondeur : les règles pour réussir avec concentration dans un monde distrayant) est de retourner à l’essentiel : bloquer des plages horaires sans interruption, s’isoler, désactiver les notifications, dire non à l’agenda surchargé.

Cela demande une discipline de fer presque celle d’un moine dans son temple. Et si, cette semaine, vous bloquiez deux heures dans votre agenda, téléphone éteint, porte fermée, pour vous plonger enfin dans ce projet qui attend depuis trop longtemps ? La semaine prochaine, nous verrons un autre concept proche du « Deep work », développé également par Cal Newport.

Il s’agit du Slow Productivity (La productivité lente), pour travailler efficacement sans pour autant faire un burnout. Dans son nouvel ouvrage, ce théoricien du travail s’attaque à un totem, celui de la productivité. 

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